Seule la planification permet de traiter de manière démocratique la transition énergétique
Article de Daniel Bachet paru dans Marianne le 19 décembre 2022 La planification des années 1930-1940 est née dans le sillage de la guerre civile en Russie, de la crise économique et sociale de 1929 en Allemagne, de la seconde guerre mondiale aux États-Unis ou...
Les paradoxes de l’énergie, un secteur pas comme les autres
Article de Pascale Touratier paru dans Marianne le 20 octobre 2022. Depuis la construction du grand marché européen en 1992, la concurrence est devenue la référence absolue sur laquelle doit s’appuyer l’évolution des différents secteurs de l’Économie. La...
Alimentation en crise : repenser en profondeur le modèle agricole
Article d’Osanne Billand et Thierry Dubuisson paru dans Marianne le 20 juillet 2022 D’après l’Organisation des nations Unies (ONU), les humains devraient passer de 7,7 milliards à 9,7 milliards à l’horizon 2050, 7 habitants sur 10 seront urbains.Selon Louis...
« Salariés de tous secteurs, unissez-vous au conseil d’administration »
Article de Daniel Bachet paru dans Marianne le 17 juin 2022. Il faut une présence massive des représentants des salariés dans les conseils d’administration ou de surveillance des entreprises afin de mieux répondre aux besoins sociaux et de préserver les êtres...
Union européenne : pourquoi il faut abandonner la règle de l’unanimité
Article d’Étienne Marin paru dans Marianne le 7 juin 2022. Les institutions européennes souffrent d'une insuffisance démocratique ressentie par nos concitoyens. Les blocages institutionnels à Bruxelles créent une forme d'immobilisme profitable à une gestion...
L’ÉTAT. LE MONDE. LE MARCHE. L’INDUSTRIE. PLAIDOYER POUR SORTIR DES ORNIÈRES
Article de Gabriel Colletis, Pascale Touratier et Pierre Agha paru dans Marianne le 31 mai 2022. Le défaut d’anticipation semble prendre l’État au dépourvu à chaque crise, que celle-ci soit écologique, sanitaire, économique, sociale. Comment la...
Et si on repensait à investir ?
Depuis le début des années 1980, et plus spécialement depuis les années 1990, les investissements ne sont plus dirigés vers le renouvellement ou la modernisation de la sphère productive, mais en direction de l’accumulation financière. Il n’est pas trop tard....
La stratégie d’étranglement qui permet aux Gafam de conserver leur domination
Article de Bernard Guilhon paru dans Marianne le 24 février 2022 Les plateformes numériques déploient de vraies tactiques pour préserver leur ascendant. C’est même un cas d’école en économie. Explication avec Bernard Guilhon, membre de l'association du...
Dettes et taux d’intérêt, la descente aux enfers
Auditionné le 27 janvier dernier par la commission des finances du Sénat, le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, affirmait une fois de plus que la signature de la France restait « crédible » sur les marchés. Car « les Français n’ont pas...
Prix Nobel d’économie 2020 : sortons l’économie du bocal !
L’Académie Royale de Suède vient de sanctifier les ventes aux enchères par des États, de biens, de services, ou de droits : spectre 5G, quotas Carbonne, créneaux horaires dans les aéroports… Lire la tribune de Pierre Agha
Nos membres s’expriment dans les media [1er octobre – 31 octobre 2020]
Le MAI participe au débat public sur le « jour d’après ».
Nos membres s’expriment dans les media [15 septembre – 30 septembre 2020]
Le MAI participe au débat public sur le « jour d’après ».
Nos membres s’expriment dans les media [15 août – 15 septembre 2020]
Le MAI participe au débat public sur le « jour d’après ».
Nos membres s’expriment dans les media [1 juillet – 15 juillet 2020]
Le MAI participe au débat public sur le « jour d’après ».
Nos membres s’expriment dans les media [16 juin – 30 juin 2020]
Le MAI participe au débat public sur le « jour d’après ».
Nos membres s’expriment dans les media [1 juin – 15 juin 2020]
Le MAI participe au débat public sur le « jour d’après ».
Nos membres s’expriment dans les media [15 mai – 30 mai 2020]
Le MAI participe au débat public sur le « jour d’après ».
Une autre approche de l’informatique était possible : il faut tisser les liens entre santé et industrie
La crise sanitaire vient de montrer combien le système de soins français devait coordonner ses efforts avec le monde des industrielsLire l'article de Jean-Luc Malétras, Jean-Pierre Escaffre et Jean-Michel Toulouse
Nos membres s’expriment dans les media [4 mai – 15 mai 2020]
Le MAI participe au débat public sur le « jour d’après ».
Quel sera le rôle des banques après la crise du Covid-19 ?
Pascale Touratier, professeur de Sciences économiques à l'Université de Reims, s'interroge sur le rôle des banques dans la crise actuelle et sur l'avenir des fonds débloqués notamment par la BCE. L'économiste appelle également à réfléchir à un nouveau modèle de...
L’industrie aéronautique, une activité du passé, vraiment ?
Capitale d’un secteur aéronautique en crise, Toulouse n’est pas condamnée au déclin. Le délégué syndical CGT d’Airbus Xavier Petrachi et l’économiste Gabriel Colletis prônent toutefois un changement de modèle radical. Il s’agit de la seule solution permettant à la ville rose d’éviter un « syndrome à la Détroit ».
Nos membres s’expriment dans les media [20 avril – 30 avril 2020]
Le MAI participe au débat public sur le « jour d’après ».
Entretien avec Daniel Bachet sur les finalités de l’entreprise
Nonfiction 18 janvier 2020 La crise financière de 2008 et la crise écologique interrogent les finalités de l'entreprise et la définition des principaux outils comptables. L’entreprise n’est pas seulement l’affaire du capital mais celle du capital et du travail....
Quand les entreprises du secteur textile s’unissent et viennent au secours des hôpitaux
Publié dans La Marseillaise jeudi 26 mars 2020 Pascale Touratier Le manque de lits, de soignants, de matériels d’équipement et d’accessoires comme les masques, les gants ou les blouses est patent comme le résume un article publié récemment. De ce contexte dramatique...
Délocalisations, oubli du principe de précaution… Les enseignements économiques du Covid-19 en Italie
Publié dans Marianne le 02/04/2020 à 16:53 Gioacchino Garofoli La crise actuelle souligne le besoin pour les pays occidentaux d’appliquer un principe de précaution économique pour assurer leur sécurité alimentaire, énergétique et sanitaire. La réduction de la dépense...
Nos membres s’expriment dans les media [30 mars – 20 avril 2020]
Le MAI participe au débat public sur le « jour d’après ».
La mondialisation montre qu’elle est tout le contraire d’un processus heureux
Pour Gabriel Colletis, la crise sanitaire débouche à la fois sur une crise financière et économique mais également sur une crise politique. Elle dévoile, d’une part, les résultats des politiques d’austérité conduites en Europe depuis 2008, et d’autre part, le résultat...
Des soins sans industrie ? Refonder le lien entre le système sanitaire et l’industrie française
Télécharger le livre ParJean-Pierre ESCAFFRE / Jean-Luc MALETRAS / Jean-Michel TOULOUSE Comme le révèle la crise sanitaire actuelle, la France doit se doter des moyens de reconstruire une industrie forte de fabrication de matériels de soins. Les auteurs de ce...
Désindustrialisation et crise sanitaire (suite et pas fin)
Chaque jour qui passe, nous fait mesurer les dégâts d’une extrême gravité que provoquent la désindustrialisation et le manque total de vision stratégique s’agissant d’activités vitales pour la population.
Nous avons déjà attiré l’attention sur une série de défaillances industrielles allant de la capacité à disposer de masques, de gel hydroalcoolique, à produire des bouteilles d’assistance respiratoire ou encore des principes actifs pharmaceutiques dont la fabrication a été délocalisée
La désindustrialisation frappe la France dans sa capacité à protéger et soigner la population
Dans son allocution du 12 mars, le Président de la République nous invite, semble-t-il, à explorer une voie nouvelle :
« Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner notre cadre de vie au fond à d’autres est une folie. Nous devons en reprendre le contrôle, construire plus encore que nous ne le faisons déjà une France, une Europe souveraine, une France et une Europe qui tiennent fermement leur destin en main. »
La désindustrialisation frappe, en effet, la France dans sa capacité à protéger et soigner la population.
La crise sanitaire, un funeste détonateur ?
En dépit des mesures spectaculaires annoncées hier soir par le Président Macron (la fermeture des écoles et des Universités, notamment), il y a fort à parier que la situation va fortement s’aggraver. Pourquoi ? Que faire ?
Quelles leçons tirer aujourd’hui des nationalisations de 1981 ?
Quand la gauche essayait encore, Le récit inédit des nationalisations de 1981 et quelques leçons que l’on peut en tirer Par François Morin, Lux Éditeur, 2020,16 €. L’auteur restitue tout d’abord, dans une première partie de l’ouvrage, l’histoire des nationalisations...
Les groupes automobiles français se moquent du Made in France
Alors que le Président de la République cherche par tous les moyens à séduire les investisseurs étrangers, les groupes automobiles français semblent n’avoir rien à faire du Made in France… Lire l'article de Gabriel Colletis
Transition numérique : savoir rester fidèle à soi-même
En matière de transition numérique, les décisions sont prises en haut, par la direction générale et la direction informatique, imposées aux acteurs de terrain dont on n’écoute ni l’expérience ni les suggestions…Lire l'article d’André-Yves...
Invitons les climatosceptiques à parier sur l’origine humaine du réchauffement climatique
« Mieux vaut croire aux dégâts du réchauffement. Le jeu en vaut vraiment la chandelle » suggère Emmanuel Bertrand aux climatosceptiques… Lire la tribune d'Emmanuel Bertrand
La renaissance de l’industrie française se jouera dans les territoires
La réindustrialisation ne pourra se concevoir sans la mobilisation forte et inventive des territoires, seuls à même de se construire en écosystèmes.Lire la tribune de François Bost
Dialogue sur l’industrie et l’écologie
Industrie ou écologie ? Aux origines de ce qui devrait être un faux dilemme.Lire le dialogue entre Jean Gadrey et Gabriel Colletis ici ou là
Ce qui se cache derrière le « Pacte productif »
Un nouveau pacte bien incertain qui risque fort d'aggraver la crise industrielle... Lire l'article de Pierre Agha et Gabriel Colletis
General Electric: piège américain et trahison française
Alors qu'à Belfort un compromis sans assurance pour l'avenir a été accepté par une majorité de salariés, Jean-Charles Hourcade revient sur l'histoire d'un piège et d'une trahison... Lire l'article de Jean-Charles Hourcade
De l’assimilation de l’industrie au capitalisme
Le texte publié dans « Le vent se lève » par Nicolas Vrignaud, membre du « Manifeste pour l’industrie », peut susciter débat tant les thèses qu’il souhaite défendre sont nombreuses et prêtent à la « dispute ». Ce texte, que son auteur assume à titre personnel, est...
La grande équation du petit débat
"Choose France, cher pays de la Finance..." ! La fameuse "nouvelle économie" est loin de satisfaire aux besoins du pays. Il est temps de repenser notre pacte productif, social et politique. L'industrie ne produit pas seulement des objets, c'est surtout une réalisation...
Désindustrialisation : une erreur de diagnostic
Dans un contexte qui est celui d’une défaillance industrielle mettant en péril l’économie française, il est grand temps de poser un diagnostic sortant des lieux communs sur les raisons de cette fragilité. Disons tout de suite que, parmi ces lieux communs, celui sur la...
Pourquoi la Grèce est loin d’être sortie de la crise
Loin d'être sauvée, la Grèce fait naufrage. Le bateau d'Ulysse coule et son équipage avec ! Lire l'entretien avec Gabriel Colletis
Croissance et protection de la nature: dilemme, oxymore, embrouillamini ?
Croissance ou développement ? De l'urgente nécessité de cesser de confondre ces deux termes ! Lire l'article de Gabriel Colletis
Un budget pour la zone euro ? Marchez encore un peu !
Marchons, marchons, qu'un sang bien pur abreuve nos sillons... Lire l'article de Gabriel Colletis et Pierre Agha
La Grèce est sauvée ? Pas sûr après les privatisations et le recul industriel
La Grèce que l'on dit sauvée pourrait bien être plutôt naufragée...Lire l'article de Gabriel Colletis
Euro fort et excédents commerciaux : le paradoxe italien
Une monnaie forte, une croissance faible et pourtant une balance commerciale en excédent. Les "districts industriels" italiens jouent un rôle clé dans cette performance selon Gioacchino Garofoli, professeur à l'Universita dell’Insubria et membre de MAI.Lire l'article...
Loi Pacte : raison d’être des entreprises et choix du politique
Au mois d'octobre 2017, le gouvernement a annoncé une réflexion sur l'objet social de l'entreprise dans le cadre de son projet de réforme dénommé « Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises » (PACTE). Le problème lancinant depuis plusieurs...
Trop de lois, vraiment ?
Si trop de lois sont sans doute votées dans certains domaines pour lesquels légiférer n'est pas actuellement synonyme de progrès social, à l'inverse une insuffisance de lois concerne des questions essentielles à la vie en société...Lire l'article de Gabriel Colletis...
SNCF : choisir le bon aiguillage pour concilier efficacité et démocratie
La dette de la Sncf pose bien d'autres questions que celle du statut des cheminots et la manière actuelles du gouvernement pour l'appréhender n'est peut-être pas la meilleure pour contribuer à l'élaboration d'un nouveau modèle de développement véritablement efficace...
Luttes et réappropriation collective des ‘Communs industriels’
Face aux stratégies prédatrices des firmes multinationales et à la désindustrialisation, des mouvements de réappropriation collective des actifs industriels émergent. Chez Fralib et Pilpa, la reprise de l’activité par les salariés appuyés par la population et les...
Les contraintes mondiales de la financiarisation et des firmes multinationales sur l’activité économique et sociale
Malgré les signes d’un certain ralentissement de la mondialisation en 2015-17, la place des firmes multinationales dans l’activité économique française, et dans l’industrie en particulier, est de plus en plus importante. Christian Palloix analyse les conditions...
Des firmes globales aux empires numériques : les trois vagues de la globalisation
La globalisation ne date pas d’aujourd’hui mais sa nature aurait profondément changé. L’actuel mouvement de globalisation risque d’accroître les inégalités, tant à l’échelle nationale qu’internationale. 45 % de l’activité économique calculée à partir des profits aux...
Vivement que l’entreprise naisse ! / par Daniel Bachet
Si la logique comptable est orientée exclusivement vers le profit ou la rentabilité, l’entreprise comme structure productive n’existe pas. Et le travail n’est conçu que comme une charge à réduire…Il faut enfin créer les conditions de la naissance de l’entreprise.
A la recherche des fondements de la valeur économique
et de la richesse / par Jacques Perrin
Un litre de gazole et un litre de Coca Cola ont actuellement quasiment le même prix. Peut-on dire qu’ils ont la même valeur économique ? La réponse est oui pour la grande majorité des économistes. Et pourtant, les conséquences économiques et humaines d’une pénurie de pétrole ne sont pas les mêmes que celles d’une pénurie de Coca-Cola. La croyance à la valeur donnée par le marché – qui repose sur une certaine conception de ce qu’est la place de l’homme dans la société et dans ses relations avec la planète Terre, l’homo économicus, – rend de plus en plus difficile l’élaboration des réponses que nous devons apporter, d’une manière urgente, à la croissance des défis écologiques et à la montée des inégalités.
Dans les high tech, la taille compte mais n’explique pas tout /
par Bernard Guilhon
L’accent est souvent mis sur la taille relativement restreinte des industries high-tech européennes, notamment françaises, par rapport à leurs homologues américaines. Cette taille insuffisante expliquerait leur difficulté à franchir le seuil de croissance et à contribuer à l’effort de production global. Sans contester ce constat, Bernard Guilhon, met cependant deux « bémols » : la persistance de profits élevés, d’une part, qui peut être le résultat de pouvoirs de marchés quasi-monopolistiques ; la dispersion accrue des performances des entreprises, d’autre part, qui accroît les inégalités entre travailleurs qualifiés et non qualifiés.
La mission de l’entreprise : satisfaire ses parties
constituantes et le bien commun / par Gabriel Colletis
Le premier enjeu de la réforme de l’entreprise est de savoir si cette grande absente du droit positif français cessera dêtre confondue avec la société qui ne représente jusqu’à ce jour que les seuls actionnaires. Le second enjeu, inséparable du premier, concerne les missions de l’entreprise qui ne peuvent se résumer à la réalisation du profit maximum pour les actionnaires de la société.
Sécu : Pour créer des emplois et réaliser des économies /
par Jean-Luc Malétras
A condition de se doter des moyens de reconquérir son industrie des matériels médicaux -pour laquelle des compétences existent encore sur le territoire-, la France peut à la fois créer des emplois qualifiés dans une industrie d’avenir et réduire le coût des organismes de soin.
Donner un statut à l’entreprise pour reconnaître le travail /
par François Morin
Le texte de François Morin tombe à point nommé afin d’alimenter le débat lancé par le gouvernement portant sur la réforme de l’objet social de l’entreprise.
Début décembre 2017, le ministre de la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot avait indiqué que, selon lui, « l’objet social de l’entreprise ne peut plus être le simple profit, sans considération aucune pour les femmes et les hommes qui y travaillent, sans regard sur les dégâts environnementaux ». Et de suggérer une modification du code civil en ce sens (Le gouvernement lance le chantier du statut de l’entreprise, Le Monde, 8 janvier 2018).
Après avoir rappelé que l’entreprise n’existe simplement pas dans le droit français, François Morin propose de manière détaillée et opérationnelle de créer une nouvelle catégorie du droit, distincte de la société.
Davantage qu’un renforcement de l’intéressement ou de l’actionnariat salarié, une telle création institutionnelle constituerait une véritable révolution faisant des entreprises non plus un simple lieu de valorisation du capital au seul bénéfice des actionnaires de la société mais une organisation dont la mission serait de produire des biens et des services utiles tout en donnant satisfaction à ceux qui ont investi leurs compétences et leur épargne pour ce faire.
On peut espérer que le gouvernement actuel saura entendre la voix d’un de ses ministres les plus importants et saura également éviter le piège d’un dispositif qui serait facultatif ou non contraignant.
Concilier éthique et performance / par Gérard Séchaud
Commentaire de Daniel Bachet :
Est-il possible, dans le cadre du système économique actuel et plus précisément de l’entreprise moderne, de réconcilier la morale et l’économie, la rentabilité avec la solidarité et l’éthique avec la compétitivité ?
Cette volonté de réconciliation est tout à fait louable et l’article de Gérard Séchaud a pour objectif d’en montrer la nécessité impérative.
Mais s’agit-il simplement de « réconcilier » les mondes économiques (de l’efficacité dans l’entreprise) et les mondes sociaux et moraux (des valeurs) ou bien plutôt de refonder les approches dominantes de l’économie et des modèles qui l’accompagnent (productivité, compétitivité, rentabilité) ?
Le grand sociologue Max Weber avait montré que le capitalisme du XIXème et du début du XXème siècle représentait la forme rationnelle la plus accomplie pour la production de biens matériels. L’introduction de méthodes comptables et de techniques de gestion s’incarnant dans le « compte en capital » signifiait, selon lui, que les critères de choix étaient dorénavant fixés en fonction de méthodes de calcul abstraites. Ces méthodes s’émancipaient du jugement moral et contribuaient à « désenchanter » le monde.
Ainsi, cette représentation classique de l’économie postule qu’il existe d’un côté une rationalité instrumentale orientée exclusivement vers l’adéquation des moyens et des fins (ou rationalité en finalité) et de l’autre, une rationalité éthique, indifférente aux conséquences de l’action, désintéressée, entièrement orientée vers des valeurs à prétention universelle comme l’équité, la solidarité, la justice ou le devoir (ou rationalité en valeur).
Cependant, si l’on reprenait en l’état de l’analyse de M Weber, il serait difficile de réarticuler et surtout de réconcilier le monde de l’économie et de l’entreprise avec le monde des valeurs et des « sentiments » dès lors que c’est leur dissociation même qui est à l’origine du capitalisme.
En adoptant aujourd’hui une telle perspective, très discutable mais néanmoins largement partagée, on constate que la question de « l’efficacité » du capitalisme néo-libéral n’est pas interrogée, comme si celle-ci était déjà validée par des faits et des résultats parfaitement convaincants. Evacuant toute recherche de nouvelles règles du jeu plus éthiques, plus justes et plus équitables, c’est « l’amoralité » d’une action guidée par le calcul et par les nombres qui se présente alors comme le corollaire de la seule efficacité possible et comme garant de la force et de la légitimité du capitalisme.
Pourtant, l’objectif de toute pensée progressiste n’est-elle pas de réintroduire une rationalité axiologique au sein de la rationalité instrumentale sans que les deux ne soient incompatibles, avec comme réserve toutefois la volonté de clarifier la notion d’efficacité ou de performance ? En effet, la notion d’efficacité est plurielle et ne s’identifie pas à la seule rentabilité des capitaux propres. L’optimum recherché par l’entreprise ne devrait-il pas être à la fois social, économique et écologique et non plus seulement financier comme le mettent en avant les détenteurs de capitaux ?
La recherche d’un « optimum financier » n’intéresse en effet que les actionnaires et les propriétaires et ne vise pas l’intérêt général. De plus, il peut être nuisible à l’environnement et le dégrader. En revanche, la recherche d’un optimum social, économique et écologique est plus conforme à l’attente de l’ensemble des populations et des écosystèmes sur la planète.
La rentabilité financière, la productivité apparente du travail, la productivité globale ou la soutenabilité écologique sont autant de critères concurrents, entre lesquels des arbitrages peuvent être effectués. Tout en étant conditionné par des structures et des institutions, le triomphe exclusif de l’un des critères sur les autres n’a rien de naturel, mais constitue toujours un choix stratégique et politique.
Ce choix est porté par des outils issus de la comptabilité et de la gestion. Ces outils ne sont pas neutres car ce sont bien les manières de compter (et donc de construire l’efficacité) qui configurent et qui normalisent les finalités, les modes de gouvernement et donc l’identité profonde des organisations et en particulier des entreprises.
D’où la nécessité de refonder les conceptions de l’efficacité et/ou de la performance pour faire en sorte que les valeurs de coopération et de solidarité, voire de démocratie dans l’entreprise soient intégrées au sein de finalités institutionnelles renouvelés.
Réponse au commentaire de Daniel Bachet par Gérard Séchaud :
La dissociation des valeurs humaines avec celles de l’économie sont à l’origine du capitalisme et en ont fondé l’efficacité, au sens matériel de ce mot, en privilégiant la quantité et le volume de production, au détriment du développement humain. Celui-ci s’impose cependant de plus en plus avec l’évolution des connaissances, de l’information, de la culture et des besoins immatériels du progrès.
Les notions économiques de performance/efficacité évoluent donc d’autant, et sont confortées par les nouvelles exigences sociales et environnementales. Celles-ci sont encore peu ambitieuses au regard de l’ampleur des défis à relever mais elles diffusent progressivement la nécessité de cette refondation des conceptions d’efficacité qui devront bientôt intégrer les valeurs humaines – solidarité, coopération, correction des inégalités, démocratie dans l’entreprise – au sein de finalités institutionnelles renouvelées.
Un nouveau souffle pour l’industrie française / par
Agnès Michel, Nadine Levratto et Dominique Tessier
Ce rapport sur l’industrie, qui s’appuie notamment sur des auditions avec des entrepreneurs de plusieurs secteurs, porte des propositions pour redéployer les aides publiques vers des politiques qui accompagnent les modèles productifs qui sont créateurs d’activité et d’emplois locaux.
Lire l’article ou le rapport
La « valeur sociale » : une innovation de la pensée économique
appliquée au carbone / par Jacques Perrin
Dans ce texte, Jacques Perrin aborde la question cruciale de la valeur. Après un examen éclairant de cette notion dans la pensée économique, il nous explique que dans le cadre d’une théorie de la valeur économique sociale, une société sera d’autant plus riche qu’elle aura, par exemple, réussit à diminuer ses émissions de gaz à effet de serre à moindre coûts et donc à limiter ses impacts sur les changements climatiques au plus grand bénéfice de ses générations futures.
Jacques Perrin participera au prochain Forum du bien-être social à Grenoble du 6 au 8 juin 2018.
Protectionnisme : et si Donald Trump nous aidait à penser ? /
par Dany Lang
La décision récente du gouvernement américain d’instaurer des taxes sur les importations d’acier et d’aluminium est l’occasion de rappeler que les Etats-Unis sont traditionnellement une nation protectionniste et de remettre en débat la pertinence des protections douanières…
Des salariés dans les conseils pour défendre l’emploi /
par Franck Dedieu
Les salariés administrateurs favorisent l’emploi dans les grands groupes industriels européens.
Révolution numérique ou révolution informationnelle ? /
par Jean-Luc Malétras
La référence actuelle à une « révolution numérique » est ambiguë : tantôt elle est représentée comme une « évolution technique » inéluctable, à l’instar des catastrophes naturelles ; tantôt, au contraire, on en fait une potentialité « révolutionnaire », annonçant la venue d’une nouvelle civilisation autogestionnaire des « communs ». Le concept de révolution informationnelle permet au contraire de saisir à la racine la pluralité des choix possibles pour la production et le traitement de l’information. Loin de tout déterminisme technique, la révolution de l’information implique un choix socio-politique entre l’automatisme social qui marginalise l’intervention humaine et l’interaction hommes/machines pensantes.
Politique d’aides aux entreprises : et si on jouait collectif ? / par Nadine Levratto
L’emploi et la compétitivité des entreprises sont devenus les enjeux prioritaires des politiques économiques. C’est pourquoi les gouvernements successifs ont mis en place un ensemble de mesures visant, pour l’essentiel, à alléger la charge fiscale et le coût du travail des entreprises.
Cette note explore une autre voie, en donnant la priorité aux interactions entre les entreprises et non seulement à l’entreprise elle-même. Cette évolution est d’autant plus intéressante que le nouveau contexte institutionnel français, et notamment la compétence exclusive des régions en matière de soutien économique, laisse la place à des politiques de soutien aux entreprises prioritairement axées sur la coopération et les interactions. La théorie économique a quant à elle démontré la manière dont l’environnement de l’entreprise influence sa croissance et sa productivité. Des exemples historiques (l’Italie des districts industriels, différents programmes en Allemagne, aux Etats-Unis ou encore au Danemark) ont illustré ce point, que ce soit par la densification des relations interentreprises à l’intérieur d’un pôle d’activité ou par la mise en réseau des clusters supposés contribuer à la croissance d’une région.
De façon concrète, et sans diminuer l’aide aux entreprises, certaines des mesures actuelles pourraient être remplacées par des dispositifs dont l’impact sur l’emploi et la compétitivité passent par le renforcement des liens entre entreprises. On se proposerait alors de poursuivre trois objectifs principaux :
– Assurer un positionnement sur des segments de marchés intégrant un segment plus important de la chaîne de valeur donc, a priori, à plus haute valeur ajoutée ;
– Faciliter le partage de ressources spécifiques donc souvent inaccessibles aux PME (centres d’essais, laboratoires, etc.) ;
– Créer des interdépendances qui permettent de trouver des ressources et des débouchés à proximité et, par conséquent, de rendre à la fois plus complexes et coûteuses les stratégies de délocalisation.
L’intention globale reste inchangée, à savoir le renforcement du tissu productif national, l’amélioration de la compétitivité économique du pays et la création d’emplois, mais en s’appuyant sur l’ancrage territorial des entreprises, les relations qu’elles entretiennent entre elles, ce qui permettrait de mutualiser des ressources, de mener des actions communes, de partager des coûts ou encore de soutenir des recherches.
En finir avec les champions nationaux / par Samuel Sauvage
Une tribune qui explore le caractère inopérant du soutien permanent des pouvoirs publics aux grandes entreprises, à travers des mesures fiscales et la poursuite de l’objectif de faire émerger des « champions nationaux ».
Or, qu’on réfléchisse en termes de création d’emplois ou de ressources fiscales, tout porte à penser que la France aurait davantage intérêt à miser sur son réseau de PME. Une invitation à reconsidérer nos priorités en termes de politiques économiques.
Du jetable au durable / par
Samuel Sauvage et Laëtitia Vasseur
Smartphone cassé, lave-linge en panne, collants filés, imprimante inutilisable… quel est le point commun entre ces biens de consommation? Ils sont tous victimes d’obsolescence programmée, symbole d’une société du jetable, qui nuit autant à l’environnement qu’aux consommateurs, tout en reposant sur un modèle économique à bout de souffle.
Un ouvrage qui explore les ressorts économiques et culturels de la faible durée de vie des objets, pour proposer des solutions à divers échelons (Etat, consommation, production). Au coeur de ce texte novateur, la relance d’une production industrielle durable, à base notamment d’écoconception et d’économie de la fonctionnalité, apparaît non seulement comme possible mais également comme nécessaire au maintien d’une industrie en France.
Vers une éco-industrie locale / par Luc Dando
Nous vivons une crise sociale, économique et environnementale majeure. Les origines de cette crise sont largement débattues. L’objet de l’ouvrage « Vers une éco-industrie locale Pour une réappropriation citoyenne de technologies durables » n’est donc pas de refaire l’inventaire de ses origines : dématérialisation de la monnaie créée par le crédit au profit des banques privées devenues créancières des états, démesure du productivisme financiarisé, libéralisme de marché, démesure technologique, etc. Notre monde est complexe car les interactions sont aujourd’hui planétaires et il est difficile de comprendre qui décide de quoi et dans quel périmètre d’influence. La politique industrielle actuelle est principalement centrée sur la rémunération de ses actionnaires et notre système économique n’est pas structuré pour donner un pouvoir prioritaire aux enjeux sociaux et environnementaux actuels.
Comme l’a compris Kofi ANNAN, ancien secrétaire général de l’ONU, c’est notre système productif qui est le véritable moteur sociétal, pas les états, car c’est le créateur de richesses de notre économie. L’objectif du livre est de faire partager un regard le plus objectif possible sur notre manière de produire, son utilité et ses impacts. Le livre propose des solutions concrètes pour construire un système de production réellement au service de l’humain et de l’équité sociale, respectueux de la nature et des ressources qu’elle nous offre. Une autre manière de produire des objets vraiment utiles, organisée sur ces nouvelles bases et défendant des valeurs humanistes, peut amorcer une mutation sociétale et économique fondamentale. Les propositions du livre sont un peu en marge du « développement durable » car elles relativisent la notion de croissance et sont beaucoup plus en ruptures avec le système productif actuel.
La démarche se veut globale et démocratique car, dans un système équilibré, on ne peut pas dissocier : techniques, organisation de production, commerce de distribution, financement, concurrence de marchés, études des besoins réels, comptabilité, forme juridique d’entreprise, législation du travail et du commerce. Cet ouvrage va donc rentrer dans des considérations parfois techniques sur ces différents aspects, car il intègre les réalités entrepreneuriales. Il ne prétend pas non plus apporter « les seules et bonnes solutions », il a vocation à ouvrir les portes des possibles et invite des collectifs citoyens à « faire ensemble » en prenant bien conscience que nous sommes tous interdépendants et qu’il n’y a de vraies valeurs que dans ce qui se partage.
Pourquoi l’Industrie reste notre avenir / par Renaud Bellais
Le texte de Renaud Bellais, un des membres de notre Association, nous rappelle que l’industrie, en France, est mal aimée. Surtout de certaines de nos élites, ajoutera-on. Y compris, paradoxalement, d’élites qui, parfois, sont supposées en avoir la responsabilité. Le contraste est grand avec certaines luttes ouvrières visant à s’opposer à des fermetures de sites. Bien commun, l’industrie est ô combien nécessaire à la prospérité d’un pays.
Elle est vecteur d’emplois qualifiants et à l’origine de nouveaux métiers. Pour cela, elle doit pouvoir, comme nous l’explique Renaud Bellais, s’appuyer sur des salariés mieux formés, un investissement productif et un effort d’innovation mieux soutenus.
Mais tout ceci est-il possible sans changer la conception de l’entreprise ? Il n’est que temps d’inventer l’entreprise partagée, dont les deux acteurs principaux seront les salariés au titre de leur travail ainsi que de leurs compétences et les apporteurs de capitaux durables.